WWW5

Cinquième Conférence Internationale World Wide Web

6-10 mai 1996, Paris, France

Table ronde 2 : Le Web et la technologie des objets distribués

Mardi 7 mai 1996 - 14:30-16:00


Président de la table ronde

Mark Madsen
APM/ANSA Limited
Poseidon House, Castle Park
Cambridge CB3 0RD, UK
Téléphone : +44-1223-568934
Télécopie : +44-1223-359779
msm@ansa.co.uk

Membres de la table ronde

Description de la table ronde

Le monde des objets réels est de plus en plus étroitement lié à celui du Web. La croissance rapide du Web et l'intégration des systèmes se sont produites en même temps que la stabilisation et l'arrivée à maturité des systèmes d'objets distribués, et plus particulièrement de l'architecture CORBA. Cette architecture est désormais considérée comme le fondement stratégique des systèmes d'information à long terme, à la fois pour l'intégration de systèmes hérités et la pérénité des nouveaux systèmes.

L'association du WWW et de CORBA présente un certain nombre d'avantages indéniables. Les développeurs et distributeurs CORBA ont accès aux marchés en plein essort créés par le WWW. Le monde Web a, quant à lui, accès à des services générés à l'aide des fonctions CORBA qui sont plus puissantes qu'un simple modèle créé avec des pages HTML. L'intégration de ces deux mondes permet d'utiliser au mieux les normes disponibles, plutôt que de devoir en définir de nouvelles.

Depuis la quatrième conférence internationale WWW de Boston, les distributeurs CORBA ont commencé à annoncer des produits et des modules supplémentaires pouvant fonctionner ensemble sur le WWW. Cela tient de la promesse, au même titre que la disponibilité de Java et de technologies similaires, comme Spinergy et les langages de programmation WWW, de conserver le modèle fonctionnel et l'interface utilisateur du WWW, tout en utilisant des fonctions, services et possibilités CORBA pour développer une large gamme d'applications qui font usage de techniques de systèmes distribués sophistiquées restant transparentes pour l'utilisateur.

Cette table ronde traitera des problèmes qui surviennent lors de l'intégration de nouveaux types de systèmes objets sur le Web, de la croissance des systèmes Intranet et de la manière dont l'informatique des objets distribués influencera le devenir du Web lui-même.



Prises de position et informations biographiques


Le Web appelle à de meilleurs objets - Mark Madsen

La maturation des technologies objets telles que CORBA doit encore être considérablement améliorée pour répondre à la demande prévisible à laquelle elle devra faire face de la part des utilisateurs et des entreprises. Ces besoins prévisibles sont les suivants :

Mark Madsen est architecte système chez APM/ANSA à Cambridge. Il a occupé des postes de chercheur dans les universités de Cape Town, Sussex, Lancaster, Portsmouth et Leicester. Il possède une licence de sciences physiques (avec mention) et une maîtrise de mathématiques appliquées de l'Université de Cape Town, ainsi qu'un doctorat d'astronomie de l'Université du Sussex. Depuis 1980, il prend part à des projets aussi variés que l'estimation des demandes en logements, les simulations de systèmes physiques, les analyses et évaluations de traitements biomédicaux, les systèmes multimédias distribués en temps réel et la conception de systèmes d'information distribués. Depuis son entrée chez APM en 1995, il contribue au développement de l'architecture ANSAweb et poursuit actuellement les recherches ANSA sur le WWW tout en travaillant sur les problèmes de sécurité Internet en tant que chef du projet E2S. Mark Madsen a été désigné co-président du groupe de travail URC au sein de l'Internet Engineering Task Force.


Prise en compte du Web dans le développement logiciel - Steve Dossick

La technologie objet représente la prochaine grande mutation pour le World Wide Web. Associé aux langages et outils orientés objet et intégrant le Web (tels que Java et Modula-3), le World Wide Web peut devenir la principale plate-forme pour le développement logiciel. Un certain nombre d'avantages sont issus de la rencontre de ces technologies :

Steve Dossick est étudiant en maîtrise et chercheur au Département Informatique de l'Université Columbia de New York. Il travaille avec le Professeur Gail Kaiser sur l'environnement australien de développement logiciel centré sur les processus. Il a occupé différents postes techniques et de recherche dans l'industrie et l'enseignement, notamment au sein de l'équipe de Recherche et de Développement de Webster's Lexxicon Publishing à New York.


Les objets distribués et le Web : quelle est la meilleure méthode ? - Paul Leach

Introduction

Supposons que la plate-forme cliente d'accès au Web comporte un modèle pour relier les binaires de différents fournisseurs, écrits dans un langage quelconque choisi parmi plusieurs.

Supposons que le logiciel de navigation du Web utilise cette technologie pour autoriser sa propre extension.

Dans un environnement de ce type, quels sont les meilleurs emplois de la technologie des objets distribués ? Et, le cas échéant, quelles sont les utilisations qui ne sont pas adaptées ?

Observations

Une infrastructure objet constitue un outil d'utilité générale. Plus particulièrement, il s'agit d'un outil de productivité de programmation : il n'y a rien qu'un système objet fasse qui ne puisse être programmé manuellement. Par exemple, un compilateur IDL évite la tâche fastidieuse d'écrire le code à la main pour trier les données en paquets ; ce code peut malgré tout être écrit. L'analogie qui est faite avec d'autres outils de support de programmation non distribués, tels que les compilateurs C/C++ et les bibliothèques d'exécution, est erronée.

Par conséquent, nous aurions pu nous attendre à ce que l'expérience de ces outils soit réitérée pour les objets distribués. En effet, pour la plupart des projets, il suffit d'écrire en C/C++ et d'utiliser un compilateur. Cependant, lorsque chaque bit de taille et de performance doit être extrait du code, l'écriture se fait encore par assembleur.

Infrastructure Internet

Les protocoles de couche d'applications au coeur d'Internet (DNS, SMTP, NNTP, FTP, HTTP) constituent la masse du trafic sur Internet. Ces protocoles sont utilisés par tout le monde. Le succès d'Internet repose tellement sur ces protocoles qu'ils valent les années d'efforts consacrées par nombre d'experts à leur conception. Pour cette seule raison, ils peuvent être encore créés manuellement, au lieu d'être généré à partir d'IDL. De plus, si nous étudions ces protocoles de près, il apparaît que certaines de leurs caractéristiques ne sont pas prises en charge pas les systèmes objet (ce point sera détaillé ultérieurement).

Nous pouvons néanmoins prévoir qu'il y aura beaucoup plus de protocoles spécifiques aux applications que ceux répertoriés ci-dessus. Ces protocoles ne seront pas aussi répandus que les protocoles au coeur du système. Ils ne seront peut-être pas conçus par des gourous du réseau, mais plutôt par des spécialistes du domaine d'application. La technologie des objets distribués sera alors le moyen le plus efficace pour créer ces protocoles et les applications dans lesquels ils s'intègreront.

Utilisation optimale

La technologie objet est le moyen idéal pour prendre en charge de nouveaux types de média sur le Web : le logiciel de navigation peut télécharger, de manière transparente et automatique, le composant signé numériquement qui les interprète. Les signatures numériques permettent au composant téléchargé, s'il provient d'une source sécurisée, d'effectuer des tâches qui pourraient n'être pas protégées pour autoriser un code que vous ne pourriez pas valider.

Inventons de nouveaux "types de média" pour des protocoles propres aux applications. Le composant du nouveau "type de média" peut être la partie cliente du protocole. Celui-ci peut être programmé à l'aide de la technologie des objets distribués. Cette technologie peut même constituer le déport transparent de la technologie objet utilisée par les mécanismes d'extensibiité du logiciel de navigation.

Exemples d'utilisations inadaptées

Par de nombreux aspects, HTTP ressemble au monde objet. Il comporte des ressources dotées de méthodes. Toutefois, sa structure type (implicite) est plus riche et plus lâche que celle de la plupart des systèmes orientés objet. Il offre ainsi une possibilité d'évolution et des intermédiaires. De nouveaux en-têtes (arguments) peuvent être ajoutés aux messages HTTP, et de nouveaux paramètres aux en-têtes existants, sans que la compatibilité en amont soit perdue, car ces en-têtes peuvent être ignorés par le destinataire si celui-ci ne peut les interpréter. Dans certains cas, il existe des mécanismes permettant aux intermédiaires de supprimer les en-têtes qu'ils ne comprennent pas.

Le DNS offre un intérêt en ce qu'il renvoie des informations qui n'ont pas été demandées, mais qu'il pense pouvoir être demandées ultérieurement. En terme de RPC (OO ou autre), il effectue des envois à partir d'appels qui n'ont pas encore été émis. Comme vous pouvez le supposer, le DNS est difficilement modélisable par systèmes RPC.

L'une des méthodes permettant de savoir si un protocole comporte des caractéristiques quelque peu inadaptées consiste à rechercher le meilleur IDL pouvant être écrit pour l'équivalent orienté objet de ce protocole. S'il comporte un ensemble d'octets comme arguments d'entrée et de sortie, l'IDL ne sera vraiment pas avantageux.

Conclusions

Mis à part quelques gourous du réseau, ceux d'entre nous qui écriront des protocoles Internet le feront probablement en utilisant la technologie générale, comme les objets distribués qui évitent de se préoccuper de nombreux détails de mise en réseau.

Les concepteurs de la technologie des objets distribués devraient étudier les protocoles au coeur d'Internet pour trouver l'inspiration de techniques ingénieuses d'optimisation qui pourraient être intégrées aux systèmes objets.

Paul Leach travaille chez Microsoft. Il participe au projet sur les ressources d'information Internet (Internet Information Resources, IIR), dans le cadre de l'Internet Research Task Force.


Intégration d'objets Corba au Web - Philippe Merle

L'avenir de l'informatique distribuée client/serveur reposera sur le Web et les environnements Corba. D'un côté, le Web s'est tissé une gigantesque toile au cours des années 90, grâce à son interface uniforme et conviviale permettant d'accéder à n'importe quelle ressource distribuée. En outre, il fournit des formats de documents multimédia standardisés (HTML et MIME). De l'autre côté, Corba représente la prochaine génération du middleware, grâce à sa vue uniforme orientée objet de l'intégration des systèmes hétérogènes et distribués.

Cependant, les utilisateurs WWW veulent plusieurs extensions : modification du protocole HTTP, intégration de nouveaux types de ressources Web, extension des logiciels de navigation, etc. Ce problème peut être surmonté par un modèle uniforme d'interface de ressources et de logiciels frontaux téléchargeable, qui pourraient être intégrés de façon générique au Web. L'approche orientée objet de Corba offre de bonnes propriétés pour intégrer et structurer les composants du Web sous un paradigme unique. Elle apporte la modularité, la flexibilité et l'abstraction aux fonctionnalités requises sur le Web.

Un parallèle peut être fait entre un ensemble d'objets et un ensemble de ressources liées par hypertexte. Le modèle de navigation par hypertexte peut être utilisé pour parcourir les objets Corba et le Web peut servir de GUI uniforme d'appel et de présentation "tout objet".

Plusieurs solutions sont offertes pour intégrer les mondes Corba et WWW :

Par conséquent, je suis persuadé que le Web et Corba fusionneront pour offrir la prochaine infrastructure à l'informatique distribuée.

Philippe Merle a été diplômé du Laboratoire d'Informatique Fondamentale de Lille (LIFL) en 1992. Il a participé à BOX : modèle et langage pour la programmation orientée objet distribuée et concurrente. Depuis 1993, il est allocataire de recherche au LIFL. Son doctorat porte sur un environnement dynamique générique orienté objet pour des applications coopératives dynamiques utilisant CORBA. Il est membre du projet OSACA, partie du programme de recherche et de développement sur la communication avancée, appelé "Ganymède" et soutenu par la Région Nord/Pas-de-Calais. Il donne également des cours sur la programmation client/serveur distribuée et CORBA au niveau licence et maîtrise.


Bud Tribble

Pourquoi des objets distribués sur le Web ? - Bud Tribble

Au fur et à mesure que le Web poursuit son évolution, son rôle d'outil offrant des informations et un contenu divertissant s'étend jusqu'à inclure la fourniture de services interactifs.

Parmi ces services, on compte les places financières, les ventes par correspondance, la banque à domicile, la livraison de packages, les systèmes de réservation, les services de recherche et de dialogue interactif.

Tous ces services ont un point commun : ils requièrent une séquence d'interactions entre l'utilisateur et un ou plusieurs serveurs. Dans le cas le plus simple, toutes les interactions se font via HTTP avec un serveur Web.

Des applications plus sophistiquées d'offre de services mettent en oeuvre un processus client hautement interactif (comme Java), ainsi qu'un moyen pour le client de communiquer avec le serveur par Internet. Les objets distribués fournissent un mécanisme très utile pour cette communication client-serveur. La combinaison de Java et de Corba, notamment, offre une redirection rapide des applications de services existantes sur le Web.

Guy "Bud" L. Tribble est vice-président d'Internet Strategy chez Sun Microsystems Computer Company (SMCC). Il est considéré comme l'un des experts de l'industrie dans les domaines de la programmation orientée objet et de la conception des interfaces utilisateur. Chez SMCC, il contribue à la stratégie et l'orientation commerciale des systèmes clients et serveurs destinés au marchés Internet et Intranet. Avant d'occuper ce poste, il gérait chez SunSoft le développement de la prochaine génération d'environnements objets distribués pour Solaris (Solaris NEO). Avant de rejoindre SunSoft, il était vice-président de SoftWare Engineering et l'un des six fondateurs de NeXT Computer,Inc. Il a été l'architecte principal du système d'exploitation NeXTSTEP, environnement logiciel orienté objet. Il a passé sept ans chez NeXT Computer en tant que responsable de la gestion et de l'aspect technique de NeXTSTEP, y compris la conception de l'interface utilisateur et l'architecteur orientée objet. Auparavant, M. Tribble a dirigé le groupe d'ingénierie logicielle chez Apple Computer, Inc. Pendant cette période, il était chargé de mettre en place l'ingénierie logicielle Macintosh. Il a alors supervisé le développement de l'architecture logicielle, la conception de l'interface utilisateur et les programmes d'application. Il est titulaire d'une licence de biophysique de l'Université de Californie à San Diego, ainsi que d'une maîtrise et d'un doctorat en neurophysiologie de l'Université de Washington.


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Créé le : 11 avril 1996
Dernière mise à jour : 30 mai 1996